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Rencontre avec Edith FILAIRE, et Florence CALDEFIE-CHEZET, dans le cadre du Labcom PHYTOPROB'INOV

Publié le 31 août 2020 Mis à jour le 31 août 2020

Rencontre avec Édith FILAIRE, professeur des universités et directrice scientifique du groupe Greentech, et Florence CALDEFIECHEZET, professeur des universités et enseignant-chercheur responsable de l’équipe ECREIN à l’Unité de Nutrition Humaine.

La PME GREENTECH SA et l’équipe ECREIN (microEnvironnement CellulaiRE, Immunomodulation et Nutrition) associent leurs expertises au travers du laboratoire commun PHYTOPROB’INOV (PHYTO-PRObiotiques, oBésité, Inflammation et inNOVation). Ce Labcom, financé par l’Agence Nationale de la Recherche, vise à développer de nouveaux phyto-probiotiques (combinaison d’ingrédients végétaux et bactériens) ciblant le surpoids et d’intérêt dans les domaines médical et cosmétique.

 

Rencontre publiée dans le huitième numéro du Lab, journal de la recherche de l'UCA.
 

Quel est l'intérêt pour le Groupe Greentech de travailler avec le milieu universitaire ?

Édith FILAIRE : Le marché de la cosmétique est un marché très concurrentiel et il y a né­cessité à développer des solutions toujours plus innovantes, rapidement disponibles pour le client, ce qui a toujours été la marque de fa­brique de GREENTECH. Innover, être proactif et précurseur par rapport au marché sont des points qui sont essentiels pour se démarquer de la concurrence actuelle.

À ces titres, et pour élargir sa gamme de pro­duits, le Groupe Greentech, depuis sa création, a toujours travaillé en étroite collaboration avec le milieu académique. Ces collaborations se sont concrétisées par des encadrements de thèse en France et à l'international, par l'éla­boration et le développement de projets com­muns et par la publication de nombreux ar­ticles scientifiques.

Ces partages de connaissances, de pratiques, sur un objet de recherche sont très importants pour l'entreprise car cela permet de développer de nouvelles techniques, d’accélérer le déve­loppement d’une gamme complète de produits cosmétiques mais également la mise au point de nouveaux produits de type nutraceutiques conférant un avantage concurrentiel fort.
Cette fusion de compétences, par le Labcom, permettra à terme d’ouvrir GREENTECH à d’autres marchés en pharma. Ce Labcom per­mettra donc d’asseoir la solidité de leader du groupe sur les plans de la recherche, commer­cial et économique.


 

Pourquoi travailler avec une entreprise privée pour faire avancer la recherche ?

Florence CALDEFIE-CHEZET : L’intérêt de travailler avec un groupe privé sous ce format de Labcom est d’avoir un véritable partenariat, pérennisé, avec un projet totalement intégré à notre axe majeur de recherche sur les bioac­tifs innovants ciblant obésité, inflammation et microbiote.

Cette collaboration permettra l’émergence de nouvelles connaissances valorisables d’un point de vue scientifique et de pratiquer une recherche plus appliquée (notamment via le champ des nutraceutiques) ainsi qu’un véri­table transfert de la recherche fondamentale vers le monde économique et de la santé. Des applications seront possibles pour les patho­logies en lien avec le surpoids/l’obésité et l’in­flammation chronique (notamment l’arthrose, certains cancers). De plus, ce projet nous per­mettra de mieux comprendre les liens entre microbiote et surpoids/obésité.


 

Pouvez-vous nous présenter scientifiquement le développement qui sera réalisé dans le labora­toire commun ?

Florence CALDEFIE-CHEZET : L’obésité et le surpoids sont un problème majeur de san­té publique qui, associés à une inflammation chronique favorisent l’apparition de complica­tions métaboliques et de nombreuses patho­logies. De plus, il est établi que le surpoids et l’obésité « s’auto-entretiennent » notamment via l’installation de cette inflammation de bas grade. En agissant sur cette dernière, un vé­ritable effet sur la perte de poids pourrait être favorisé. Aussi, la recherche de bioactifs inno­vants ciblant le surpoids présente une double finalité : préventive (à effet santé) et cosmé­tique (à finalité amincissante).

L’idée du projet est de valoriser comme pro­duits innovants d’une part, les actifs végétaux qui offrent des ressources médicinales considé­rables puisque peu investigués chimiquement et biologiquement et, d’autre part, les pro/post­biotiques capables de moduler l’équilibre de la flore intestinale.

L’ambition est de développer une nouvelle gé­nération de « phyto-probiotiques » (nutraceu­tiques associant actifs végétal et bactérien) d’intérêt médical et cosmétique.

Les travaux de recherche s’articuleront autour de 4 axes :
- Sélection des végétaux, bactéries et de leurs bioactifs ciblant les adipocytes et l’in­flammation.
- Identification des mécanismes molécu­laires et cellulaires en jeu.
- Développement de méthodes permettant d’évaluer les interactions (notamment les synergies) entre les produits sélectionnés.
- Valorisation des produits innovants d'inté­rêts académique et industriel.

 

Le financement obtenu est sur 5 ans, comment espérez-vous pérenniser ce laboratoire ?

Florence CALDEFIE-CHEZET et Édith FILAIRE : La recherche et le développement de nouveaux produits se fait sur un laps de temps de 1 à 3 ans en cosmétique, entre 2 et 5 ans en nutraceutique, et peut aller jusqu’à 10 ans en pharmaceutique, ceci impliquant le maintien d’une activité de long terme pour le Labcom PHYTOPROB’INOV.

Nous souhaitons donc mettre en place une réelle dynamique de partenariat pérenne et réaliser une montée en puissance en termes de potentiel d’innovation dans les secteurs de la cosmétique, nutraceutique et pharmacie, sur la thématique large de la prévention en santé au travers de la création de cette structure.

La recherche de nouveaux produits sera poursui­vie et ouverte à d’autres champs de compétences. Des méthodes expérimentales complémentaires seront mises en jeu afin que les plantes, bacté­ries et bioactifs puissent être extraits et validés sur des modèles spécifiques et novateurs.

Ce Labcom permettra le développement in­dustriel de produits nutraceutiques et cosmé­tiques innovants ciblant l’obésité et l’inflam­mation sous-jacente associée et d’attester de l‘effet sur la Santé des bioactifs sélectionnés pour lesquels une démarche rigoureuse scien­tifique aura été suivie.
En effet, ces produits pourraient être utilisés en tant qu’ "apport nutritionnel" à des fins pré­ventives pour lutter contre l’apparition d’un état de « métaflammation » (inflammation mé­tabolique chronique) et/ou pour améliorer la prise en charge thérapeutique individuelle en cas de surcharge pondérale et d’inflammation.

Grâce à l’environnement régional du Labcom, à l’issue des 5 années du programme, il sera en­visagé la réalisation de protocoles de recherche sur volontaire sain (effet santé préventif) ou en clinique chez le patient malade (effet préventif des récidives et/ou potentialisation des effets thérapeutiques) ce qui intéresse particulière­ment l’équipe de recherche.

Parallèlement à la recherche continuelle de nouveaux candidats, d’autres marchés phar­maceutiques seront visés. Ceci permettra d’une part, d’ouvrir le Labcom à d’autres compétences et partenaires académiques, et, d’autre part, augmentera notre attractivité au niveau national et international auprès des étudiants et autres partenaires, ce qui favorisera le rayonnement scientifique et économique du Labcom. Ainsi, nous espérons pouvoir créer une véritable « fé­dération » des acteurs régionaux travaillant sur les ingrédients naturels au sens large.
 


  

Ce projet bénéficie d'un financement de l'Agence Nationale de la Recherche (ANR). Projet lauréat à l'Appel à Projets LABCOM 2019, vague 2 - Projet n°ANR-19-LCV2-0003-01'